mercredi 24 septembre 2008

Politique de l'emprunt linguistique

Cette synthèse est réalisée à partir du guide intitulé Politique de l'emprunt linguistique publié par l'Office québécois de la langue française.

Préambule

« La Charte de la langue française reconnaît le français comme la langue officielle du Québec. »

Section I - Rappel du dispositif législatif

Trois (3) principaux objectifs assignés par le cadre législatif :

1- '' L'Office définit et conduit la politique québécoise en matière d'officialisation linguistique, de terminologie ainsi que de francisation de l'Administration et des entreprises (art.159)

2- '' L'Office veille à ce que le français soit la langue normale et habituelle du travail, des communications, du commerce et des affaires dans l'Administration et des entreprises.''

3- '' L'Office peut assister et informer l'Administration, les organismes parapublics, les entreprises, les associations diverses et les personnes physiques en ce qui concerne la correction et l'enrichissement de la langue française parlée et écrite au Québec.''

Section II - Objectifs de la politique

Trois (3) objectifs de la politique de l'emprunt :

1- Redéfinir le cadre d'analyse et de traitement des emprunts de l'Office en vue d'assurer son adaptation à la situation sociolinguistique actuelle et de maintenir la cohérence nécessaire à l'intervention linguistique.

2- Reconnaître l'emprunt comme un procédé d'enrichissement linguistique productif.
3- Encourager la créativité lexicale.

Section III - Champ d'application

La présente politique porte principalement sur l'emprunt lexical. Les catégories suivantes d'emprunts lexicaux sont traitées : les emprunts intégraux, hybrides, les faux emprunts et les calques. L'emprunt syntaxique est abordé plus sommairement.

Section IV - Définition de l'emprunt linguistique

On entend par emprunt linguistique tout procédé par lequel les utilisateurs d'une langue adoptent intégralement ou partiellement une unité ou un trait linguistique d'une autre langue. Le terme désigne également l'élément emprunté.

Section V - Principes d'intervention

Principes normatifs et directeurs :

1- Principes normatifs

A- La norme linguistique de référence est celle qui correspond à l'usage du français au Québec.
B- Les emprunts conformes ou intégrables au système linguistique du français dans toutes ses composantes morphosémantiques sont considérés comme acceptables s'ils répondent aux critères d'analyse.

2- Principes directeurs

A- L'amélioration de la compétence linguistique des locuteurs
B- La stimulation de la créativité lexicale en français
C- La reconnaissance d'emprunts implantés dans l'usage et légitimés par la collectivité
D- L'adaptation de l'emprunt

Section VI - Critères d'acceptabilité des emprunts

1- Critères linguistiques

A- La catégorie de l'emprunt analysé dans la mesure où certaines catégories sont davantage conformes ou intégrables au système français

B- La coexistence de l'emprunt avec des mots, termes ou expressions en usage ou disponibles
C- L'intégrabilité de l'emprunt au système linguistique du français
D- Le degré d'intégrabilité de l'emprunt à l'organisation conceptuelle et sa conformité au système dénominationnel d'une terminologie française et son potentiel dérivationnel

2- Critères sociolinguistiques

A- Le degré de généralisation et de l'implantation de l'emprunt dans l'usage
B- Le degré d'implantabilité de l'emprunt et des termes français qui coexistent avec cet emprunt.

Section VII - Acceptabilité des emprunts et pondération

1- Les emprunts acceptés : mots, termes et expressions dont l'emploi est privilégié par l'Office ou, mots termes et expressions acceptés comme synonymes d'un terme privilégié

2- Les emprunts non acceptés : mots, termes et expressions dont l'emploi est déconseillé par l'Office ou non retenus parce que jugés insatisfaisants, le plus souvent sur le plan sociolinguistique.

Section VIII - Critères d'analyse de l'acceptabilité des emprunts

1- Les emprunts selon la langue d'origine

1.1 Les emprunts à l'anglais
1.1.1 Les emprunts intégraux, hybrides et les faux emprunts

Emprunts acceptés : Emprunt ancien et généralisé en français, ou récent et en voie d'intégration rapide, pour lequel on ne connait aucun équivalent français, ou qui coexiste avec des équivalents français rares.

Exemples : lock-out, muffin (moufflet), jeans (pantalon de denim), web (Toile)

Emprunts non acceptés : Emprunts introduits massivement en français dans un secteur d'activité donné.

Exemples : aréna (syn.: patinoire intérieure), chiropratique (syn.: chiropraxie, français européen)

1.1.2 Les calques

1.1.2.1 Les calques sémantiques : Un calque sémantique introduit dans une langue un nouveau sens'' (ou un nouveau trait sémantique)

Calques acceptés : Calque sémantique pour lequel on ne connait pas d'autres équivalents.
Exemples : souris (informatique : outil de pointage), menu (informatique : choix d'options dans un logiciel) et capsule (journalisme : courte chronique)

Calques non acceptés : Calque sémantique qui est difficilement intégrable sur le plan sémantique
Exemples : digital (fr: numérique), interférence (fr: ingérence), intermission (fr: entracte)

1.1.2.2 Les calques morphologiques

L'introduction d'un calque morphologique dans une langue donne lieu à une nouvelle forme (et un nouveau sens) dans la langue emprunteuse.

Exemples : gratte-ciel, libre-penseur, table ronde, disque compact, pluie acide ...

Calques acceptés : Calque morphologique conforme ou intégrable au système morphosémantique du français et pour lequel il n'existe pas d'équivalents disponibles ou implantables.

Exemples : énergie douce (anglais: soft energy), biopuce (anglais:biochip), double-cliquer (anglais: to double click)

Calques non acceptés : Calque morphologique non conforme ou difficilement intégrable au système morphosémantique du français.

Exemples : vol domestique (fr:vol intérieur, angl: domestic flight), chambre des joueurs (fr: vestiaire des joueurs, angl: players room)

1.1.3 Les emprunts syntaxiques à l'anglais

Emprunts non acceptés : Emprunt syntaxique à l'anglais qui entraîne une modification importante de la composante syntaxicosémantique du français.
Exemples : adresser l'auditoire, à remplacer par s'adresser à l'auditoire ; en temps à remplacer par à temps ; partir une entreprise à remplacer par créer une entreprise.

Section IX - L'adaptation des emprunts

1. La variante québécoise est privilégiée lorsqu'il y a différentes variantes d'adaptation phonétique selon les aires francophones. Ex : tofu (variante : tofou)

2. La variante la plus adaptée, la plus proche du français, ou la variante la plus simple sera privilégiée lorsqu'il existe plusieurs variantes graphiques francisées d'un emprunt.
Ex : Musli plutôt que muesli, kouglof plutôt que kougelhof.

3. Certaines séries nouvelles d'emprunts seront adaptées au français par recours à un modèle français de dérivation. C'est le cas des formes anglaises en -er que l'on francisera en -eur ou en -euse, et des formes en -ing que l'on francisera en -age.
Ex: listing devient listage, doping devient dopage

4. L'intégration des emprunts acceptés sera renforcée par l'application de la règle générale du genre et du nombre des mots français, quel que soit le genre ou le nombre de la forme dans la langue prêteuse.
Ex : Un Inuit, une Inuite, des Inuits, des Inuites, un ravioli, des raviolis, un aléa, des aléas, une boucherie cachère, des boucheries cachères.

5. Dans le cas du genre, on observe une distribution aléatoire du féminin et du masculin.
Ex : Féta est généralement utilisé au masculin en français du Québec alors qu'il est employé au féminin en français européen.

6. Pour l'accentuation, les emprunts suivront la règle des mots français. Les accents seront ajoutés (é,è) è la forme écrite de façon à rendre compte de la prononciation.
Ex : Diésel, aréna, placébo, référendum, artéfact, allégretto, imprésario.

7. On francisera les emprunts en les adaptant à l'alphabet et à la graphie du français.
Ex : piňata devient pignata, maelstrőm devient malstrom.

Section X - Entrée en vigueur

Cette politique annule et remplace le document intitulé Énoncé d'une politique relative à l'emprunt de formes linguistiques étrangères de 1980 et entre en vigueur le 14 septembre 2007.

1 commentaire:

Prof. a dit…

Bon travail de blogue! Il faut aussi inclure le résumé sur la variation topolectale!

Merci de m'apporter jeudi la copie des tableaux sur la politique de l'officialisation linguistique.

Au plaisir,

Prof. Saint-Yves